Un peu d'histoire contemporaine du Cambodge :

Un peu d'histoire contemporaine du Cambodge

Quelques clés pour comprendre le contexte historique dans lequel s'inscrivent les actions humanitaires de Pour un Sourire d'Enfant au Cambodge.

L'indépendance du Cambodge

A la suite de près de 100 ans passés sous protectorat français, le Cambodge accède à indépendance en 1953. Sous la conduite du prince Norodom Sihanouk, le Cambodge devient une monarchie constitutionnelle.

Dans les années 60, la guerre du Vietnam fragilise le Cambodge, qui tente de rester neutre. Mais en 1970, un coup d'état de l'armée, sous la conduite du Maréchal Lon Nol, destitue le prince pour former la République Khmère. Lon Nol restera au pouvoir jusqu'à l'arrivée des Khmers Rouges en 1975.

La période "Khmers Rouges"

L'arrivée des Khmers Rouges au pouvoir

Les Khmers Rouges, menés par Pol Pot, représentent une guérilla communiste ultranationaliste qui luttait depuis longtemps contre la monarchie avec pour vision la création d'une société sans classe exclusivement paysanne, purgée de toute influence occidentale. En quelques mois, ils parviennent à s'emparer du pays et entrent dans Phnom Penh le 17 avril 1975. Le Cambodge devient alors le Kampuchéa démocratique.

Immédiatement, les Khmers Rouges décident d'évacuer toutes les villes et leurs habitants sont transférés vers les campagnes afin d'être "ré-éduqués". Environ 40% de la population totale du pays aurait été déportée vers les zones rurales.

Dans la prison de Tuol Sleng, devenue un musée aujourd'hui

Un système génocidaire

Les Khmers Rouges mettent en place une dictature d'une grande violence. Les élites intellectuelles sont systématiquement éliminées et tout ce qui évoque la civilisation urbaine (industrie, hôpitaux, écoles, administration) est anéanti. L'usage de la monnaie est abandonné et un système de troc se met en place. Les familles sont séparées et les enfants endoctrinés. 

Le régime s'est rendu coupable de crimes de masse et plus d'un quart de la population a disparu. 1,7 millions de Cambodgiens, soit 21% de la population sur cette période, meurt d'épuisement, de famine, de maladie, d'exécutions sommaires ou à la suite de tortures. 

La chute du régime des Khmers Rouges

Des tensions entre le Cambodge et son voisin de l'Est provoquent l'invasion militaire vietnamienne au Cambodge. En 1979, ils pénètrent dans Phnom Penh, renversent le régime Khmer Rouge et proclament la République populaire du Khampuchéa. 

Pendant 10 ans, l'armée vietnamienne reste au Cambodge tandis que les Khmers Rouges reconstituent une guérilla, repliée le long de la frontière thaïlandaise pour combattre le nouveau gouvernement.

En 1991, les Accords de Paris mettent fin à 10 ans de guerre civile entre les différentes factions cambodgiennes. En 1993, des élections se tiennent pour élire l'assemblée législative chargée de rédiger une nouvelle constitution. Norodom Sihanouk redevient le roi du Cambodge et le pays prend le nom de Royaume du Cambodge.

Le Cambodge doit alors faire face à de nombreux défis de reconstruction du pays, tout en luttant contre la pauvreté et la corruption.

Depuis 1998, le premier ministre Hun Sen est au pouvoir et en 2002, le roi Norodom Sihanouk abdique en faveur de son fils Norodom Sihamoni.

Une transition inachevée

En 2003, après plusieurs années de négociation, un tribunal spécial, composé de magistrats cambodgiens et internationaux, est enfin créé pour juger les plus hauts responsables du régime Khmer Rouge. La peine de mort est exclue, tout comme les compensations financières aux victimes. Entre temps, Pol Pot meurt en 1998, sans avoir été jugé. Finalement, le tribunal spécial mis en place en 2006 n'aura condamné que 3 dirigeants, dont Douch, chef de la prison de Tuol Sleng où quelques 15 000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées. Bourreaux et victimes ont ainsi dû apprendre à vivre côte à côte en s'efforçant d'oublier le passé.

Selon un professeur en psychiatrie de la faculté de médecine de Phnom Penh, "agressivité, perte d'empathie et de tolérance, habitude de la violence et du non-respect des lois sont le résultat de l'éducation du régime khmer rouge. La structure de la famille ayant pris l'habitude de vivre sans lois ni règles a intégré par mimétisme l'agressivité et la violence comme moyen de faire face à la vie quotidienne alors même que cela n'avait jamais été le cas dans la culture traditionnelle".

Quelques références bibliographiques et filmographiques

Livres

  • Cambodge, le sourire bâilloné de Ly Heng et Françoise Demeure
  • Une enfance en enfer, Cambodge 17 avril 1975 - 8 mars 1980 de Malay Phcar
  • Cambodge année zéro ; brève histoire du Cambodge de François Ponchaud
  • Le Portail de François Bizot
  • D'abord ils ont tué mon père de Loung Ung

Films

  • D'abord ils ont tué mon père d'Angelina Jolie (inspiré du livre de Loung Ung)
  • La Déchirure de Roland Joffe
  • Le Sommeil d'or de Davy Chou
  • S21, la machine de mort Khmère rouge de Rithy Panh
  • Le Temps des aveux de Régis Wargnier
  • L'Image manquante de Rithy Panh
  • Funan de Denis Do
  • Diamond Island de Davy Chou
  • White Building de Kavich Neang