Aller au contenu principal

A la rencontre de Maly, responsable du programme Protection de PSE

L'association accueille et héberge les élèves dans le besoin au sein du programme Protection et Logement. Grandir au sein de leur famille est impossible.

Par Camille, volontaire à Pour un Sourire d'Enfant

J'ai eu l'opportunité d'échanger avec Maly, la responsable du programme Protection et Logement, employée à l'association depuis 8 ans. 

Maly me détaille la structure du programme, qui est très bien organisé. Je me rends compte de son ampleur. « Alors qu'au départ, seulement quelques enfants étaient accueillis et protégés au sein du centre, ce sont aujourd'hui près de 500 élèves et étudiants qui sont pris en charge » m'explique-t-elle. 

Les enfants qui bénéficient de ce programme sont organisés en 3 groupes. D'abord le pensionnat, pour les enfants de moins 16 ans. Il représente environ 30% du programme, et il y a d'un côté le pensionnat des filles et de l'autre celui des garçons. 

Ces enfants ont été confrontés à des situations dramatiques et leur famille représentait un réel danger pour eux et pour leur développement. Drogue, alcool, violence et maltraitance étaient souvent leur quotidien. Le programme Protection et Logement a été essentiel pour leur survie. Lorsque nous rencontrons et échangeons avec ces enfants, rien ne laisse deviner ce qu'ils ont vécus : ils sont tellement souriants et chaleureux. Les pensionnaires sont sous la protection de PSE qui respecte la législation du ministère des Affaires Sociales : un employé s'occupe de 15 enfants.  

L'internat accueille quant à lui les étudiants qui habitent trop loin du centre et ont besoin d'un hébergement pour poursuivre leurs études.

Pour un Sourire d'Enfant, leur famille de coeur

Ratanak a 13 ans et est pensionnaire depuis sept ans avec ses trois frères. Sa mère vit dans la province de Preah Vihear, à plus de 300 kilomètres de Phnom Penh et ne peut pas subvenir aux besoins de ses enfants. Ce garçon poli et réservé me confie qu'il se sent bien et heureux à PSE. « C'est chaleureux, on s'occupe bien de nous, on a de l'attention et on prend soin de nous ».

Mais l'intégration des pensionnaires peut être difficile. « Certains n'ont pas de parents ou de famille. Ils n'ont reçu aucune éducation et lorsqu'ils arrivent ici, nous faisons le maximum pour les intégrer et les éduquer » affirme Maly. L'enjeu est de les guider pour qu'ils adoptent un bon comportement et qu'ils respectent les règles. 

Quant à l'internat, qui accueille les jeunes de plus de 16 ans, il a été créé plus tard pour les étudiants en formation professionnelle à PSE. La plupart d'entre eux sont issus de provinces éloignés de Phnom Penh et n'ont pas de famille à proximité pouvant les héberger. L'internat est leur seule solution pour pouvoir suivre la formation. Certains internes sont d'anciens pensionnaires. Comme Karuna, interne de 20 ans, qui est hébergée à PSE depuis plus de 10 ans. Abandonnée par son père à la séparation de ses parents, elle est d'abord restée avec sa mère. Elle a finalement intégré PSE car sa mère n'avait plus les moyens de s'occuper d'elle. 

Etudiante en Ressources Humaines à l'Ecole de Gestion et Vente, Karuna parle anglais mais également un peu le français. J'ai souvent eu l'occasion de croiser cette jeune fille souriante, entourée de ses amis, jouant au football ou sur scène lors de spectacles organisés au sein de PSE. Elle a un air serein et une attitude rayonnante. Ce jour-là, elle me raconte avec émotion son attachement à PSE : « Rester ici me rend heureuse, je suis tellement reconnaissante envers PSE qui a construit des logements pour les étudiants sans maison et qui prend soin de nous comme une vrai famille ».

Au-delà d'une solution d'hébergement, le programme assure une prise en charge globale de la vie quotidienne des pensionnaires et des internes

Les pensionnaires et internes peuvent recevoir la visite de leur famille. S'ils souhaitent passer une ou plusieurs nuits dans leur famille, l'accord du département social et du programme de Protection et Logement est nécessaire. Deux téléphones portables par pensionnat et un téléphone pour l'internat sont à disposition pour que chacun puisse contacter sa famille. 

Les internes sont presque des adultes. Ils ont donc plus de liberté : les jeunes de plus de 18 ans peuvent sortir jusqu'à 21h en ville et ceux de 16 à 18 ans jusqu'à 19h. 

Le quotidien des internes est rythmé par les cours, du lundi au vendredi. Ils se lèvent tôt : aux alentours de 6h et même avant pour les étudiants de l'Ecole d'Hôtellerie et de Tourisme qui sont en stage par exemple. Les petit-déjeuners et déjeuners sont pris à la cantine et donc gérés par le personnel de la cantine. Le diner est géré par le personnel du programme Protection et Logement. 

Du lundi au vendredi, après le diner, les internes aident les pensionnaires à faire leurs devoirs et à réviser. Cette aide au devoir est vraiment appréciée par Ratanak qui mentionne spontanément ce moment lorsque je lui demande ce qu'il préfère à PSE. 

J'ai eu l'opportunité d'assister à ce temps fort au sein du pensionnat des garçons. Certains étudient par petits groupes ; d'autres en duo. Les pensionnaires sont concentrés et écoutent attentivement les internes qui les aident avec sérieux. 

Des temps libres rythmés par de nombreuses activités

Des activités garantissant l'éducation et l'épanouissement des enfants et des jeunes sont mises en place sur leur temps libre. La grande majorité des pensionnaires et des internes y participe. 

Chaque weekend des activités sont organisées pour ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux : cours de cuisine, pendant lesquels ils choisissent le menu qu'ils préparent eux-mêmes par petit groupe ; atelier de couture et sorties. Les activités de l'ECAP (programme des activités extra-scolaires) sont plébiscitées autant par les enfants que par les adolescents qui adorent le sport : « Ce que je préfère ici, c'est faire du sport, danser et toutes les activités de l'ECAP » affirme Karuna. 

En plus, le programme permet aux pensionnaires et internes de sortir de la ville : « A chaque vacances, nous pouvons voyager avec la famille de PSE. Toutes ces vacances sont de très bons souvenirs ! » précise Karuna. 

Image
Trois garçons en train de lire ensemble
Image
Des jeunes pensionnaires jouent au foot
Image
Activité karaoké pour les pensionnaires

La vie en communauté implique la mise en place de règles strictes

Les internes peuvent amener toutes leurs affaires personnelles à l'internat et sont autorisés à utiliser leur téléphone portable, dans la chambre seulement et jusqu'à 22h. Si un membre de l'équipe se rend compte qu'un interne a utilisé son téléphone en dehors des autorisations, il peut lui confisquer pendant une semaine. 

L'internat leur fournit les produits de toilette, une fois par mois, et s'ils n'ont pas d'affaires personnelles (vêtements ou chaussures par exemple), PSE leur en fournit grâce aux donations reçues. 

Bien souvent, les difficultés rencontrées avec les internes sont des problèmes ordinaires d'adolescents. Maly me précise : « Par exemple, des étudiants qui peuvent être paresseux ou qui passent trop de temps avec leur téléphone portable ». Des situations qu'ils pourraient vivre avec leur famille. Elle ajoute : « Ici, nous sommes les parents. Nous devons échanger avec eux, discuter énormément et comprendre ce qu'il se passe quand quelque chose ne vas pas. La discussion est importante car nous prenons le relai des parents ».

Plus rarement, certains internes rencontrent de graves problèmes : comportement agressif, consommation de drogues... Dans ces cas-là, l'équipe travaille avec d'autres départements comme le département social ou le département médical où travaillent des psychologues pour résoudre le problème. 

Une équipe impliquée pour le bien-être des enfants

Tout au long de l'année, c'est près de 30 salariés qui ont en charge les pensionnaires et les internes. Ils sont organisés en deux équipes qui se relaient. 

Parfois, le recrutement est compliqué. « Les horaires de travail et les congés peuvent être contraignants car ils sont en décalage par rapport à un rythme de travail classique » m'explique Maly. Il y a donc peu de candidats pour le travail de nuit mais une fois dans l'équipe, les nouvelles recrues sont heureuses de travailler au programme Protection et Logement et l'équipe fait un travail formidable pour l'épanouissement et l'éducation des pensionnaires et des internes. 

Un programme bouleversé par la crise sanitaire de la Covid-19

Dès mars 2020 et la première fermeture des écoles au Cambodge, l'équipe de Maly a dû trouver des solutions pour les enfants et les jeunes accueillis au sein du programme. Ceux qui le pouvaient sont rentrés dans leur famille, et les autres ont été accueillis en famille d'accueil. Découvrez-en plus sur la belle mobilisation de nos familles d'accueil pendant la crise sanitaire.