"La Beauté du Geste", un documentaire passionnant auquel nos jeunes ont contribué :

"La Beauté du Geste", un documentaire passionnant auquel nos jeunes ont contribué

Xavier de Lauzanne et son équipe sur le tournage de La Beauté du Geste

A l'occasion de la sortie de "La Beauté du Geste" le 13 mars 2024, Pisey et Phum témoignent de leur participation à la réalisation du film-documentaire.

La Beauté du Geste est un film-documentaire réalisé par Xavier de Lauzanne, passionné du Cambodge et qui avait réalisé en 2016 le film «Les Pépites» qui retrace l’histoire de Christian et Marie-France des Pallières, les fondateurs de PSE. Ce documentaire nous plonge dans l’univers de la danse traditionnelle khmère qui a traversé les époques, de la gloire au danger. Les femmes se font témoin du geste tandis que ce film a été une occasion unique pour nos étudiants de toucher du bout du doigt le rêve de réaliser un documentaire.

Pisey et Phum, deux destins hors du commun

Pisey, 26 ans, est professeure en technologie des caméras et prise de vues au sein de l'école de cinéma de PSE. Ancienne étudiante de cette même école, elle a renoué avec ses racines pour transmettre aux étudiants la chance qu'elle a eue quelques années auparavant.

Quant à Phum, 29 ans, il est marié et exerce également au sein de l’école de cinéma. Professeur de régie avec une spécialisation sur la lumière, il considère PSE comme son foyer, sa « seconde moitié ». Il souhaite accompagner la nouvelle génération en partageant son expérience.

Pisey

« Je suis née dans la province de Takeo, au sud du Cambodge. J'ai grandi au sein d'une famille défavorisée, avec mes deux sœurs et mes parents cultivateurs de riz. À l'âge de 13 ans, j'ai dû quitter ma province et l'école pour rejoindre Phnom Penh et travailler pour aider ma famille. J'ai occupé divers emplois, allant du ménage à des travaux d'usine, pendant près de 2 ans. C'est grâce à mes voisins que j'ai entendu parler de PSE. Je me suis rendue jusqu'au campus pour rencontrer l'équipe sociale, avec l'espoir de reprendre mes études.

J'ai intégré PSE avec le rêve de trouver un bon travail à la fin de mes études. J'ai intégré l'école de cinéma. Nous étions seulement trois femmes à l'époque dans ma classe. J'ai voulu intégrer l'école de cinéma pour pouvoir un jour produire un film qui mettrait en avant la vie d'une personne issue d'une profonde misère, en y mettant une partie de mon histoire. »

Pisey, ancienne étudiante de l'école de cinéma de PSE, lors d'un tournage
Phnum, ancien étudiant de l'école de cinéma de PSE, sur le tournage du film documentaire "La Beauté

Phum

« Je suis originaire de la province de Prey Veng. Mon père est décédé lorsque j'était jeune, et ma mère travaillait dans les fermes pour tenter de subvenir aux besoins de notre famille. J'ai grandi dans des conditions très difficiles aux côtés de mes deux sœurs et de mon frère. Cette situation m'a poussé à quitter ma province en 2016 pour travailler avec mon oncle à Phnom Penh. Pendant plusieurs années, j'ai occupé des emplois peu rémunérés dans la construction et l'électricité. Je travaillais autour de PSE et j'observais les étudiants aller et venir dans l'école. Je m'imaginais à leur place. Un jour, ce besoin est devenu trop fort, j'ai quitté mon travail dans le bâtiment pour demander de l'aide à l’équipe sociale.

J'étais déjà un peu âgé quand je suis entré à PSE et j'ai immédiatement postulé pour l'école de cinéma. Je fais partie de la dernière génération d'étudiants à être passé par un entretien avec Papy pour la sélection. Nous étions six à réussir le test cette année là ! Mon ambition de «montrer en images la culture du Cambodge» a su retenir l'attention de Papy. »

L’opportunité de travailler sur un documentaire

Lors de leurs études, ils ont eu l'opportunité de travailler auprès de Xavier de Lauzanne sur le documentaire « La Beauté du Geste ».

Phum

« J'étais en deuxième année lorsque l'on m'a proposé de rejoindre le projet de Xavier de Lauzanne. Je ne connaissais rien au documentaire et j'ai tout appris auprès de lui lors des différentes sessions de tournage. Étant donné mon expérience dans l'électricité avant PSE, j'ai occupé la mission de technicien des lumières. C'était très instructif car j'ai pu mettre au service mes compétences tout en apprenant le processus de captation d'un documentaire. J'ai beaucoup aimé travailler avec Xavier car sa manière de raconter l'histoire et son illustration de la danse traditionnelle khmère m'ont touché. Il nous a aussi appris à gérer des équipes, à communiquer avec les témoins tout en créant une atmosphère de confiance malgré la présence des caméras. Tout se faisait dans un cadre intimiste et discret. Certains témoignages étaient forts et poignants, mais Xavier savait justement comment respecter la pudeur de chacun. 

Lorsque j'étais aux séances de tournage, je ne savais pas exactement quelle serait l'histoire. Pourtant, lors de la diffusion, j'ai tout de suite trouvé le documentaire clair et la chronologie très bien orchestrée. J'ai ressenti une immense fierté en ayant participé à ce film qui met en avant la culture du Cambodge et la beauté de nos danses traditionnelles grâce au ballet royal. J'espère que les spectateurs seront aussi touchés que je le suis. Je ressens une immense fierté envers mon pays et ma culture grâce à ce documentaire. »

 

Pisey

« J'étais en deuxième année lorsque nous avons eu l'opportunité de travailler sur la Beauté du Geste. C'est mon professeur qui m'a sélectionnée pour faire partie du tournage, et je lui en serai toujours reconnaissante. Je me souviens très bien de la première journée de tournage, j'étais très stressée et excitée car c'était non seulement ma première rencontre avec un réalisateur français, mais également ma toute première fois en avion. Nous devions rejoindre Siem Reap pour y faire des prises de vues aux temples d'Angkor. J'étais assistante caméra et j'ai beaucoup appris grâce à Xavier de Lauzanne. Je me rappelle sa patience, sa gentillesse et sa capacité d'observation. Il travaillait avec de petites équipes : nous étions deux étudiants et lui. Xavier m'a enseigné la technique, mais surtout de belles valeurs, et je retiendrai à vie sa gratitude à chaque fin de tournage. »

La transmission comme élément de résilience

Pisey nous a fait part de son ressenti vis-à-vis du sujet du film, la danse : « Le documentaire m'a aussi permis d'en découvrir plus sur les origines du ballet royal khmer. J'ai été bouleversée par les témoignages des danseuses, celles qui ont subi énormément de violence lors de la guerre des Khmers Rouges. La danse a traversé les années, et aujourd'hui elle est empreinte d'espoir. Si j'avais vu ce documentaire plus jeune, j'aurais probablement rêvé de devenir une des danseuses du ballet royal. »

Pisey et Phum font partie des anciens étudiants qui enseignent aujourd'hui à la nouvelle génération. Ce qu'ils ont appris lors du tournage de la Beauté du Geste, ils le transmettent aux étudiants. « La Beauté du Geste retrace l'histoire de la danse traditionnelle khmère et l'importance de la transmission pour continuer à faire vivre cet art. Je considère, à ma propre échelle, partager mes connaissances en cinéma pour qu'il continue à vivre grâce aux étudiants de PSE », témoigne Phum.

Retrouvez les dates des projections de La Beauté du Geste dans les cinémas près de chez vous :

La Beauté du Geste au cinéma