Je vous le disais dans la lettre précédente, une des conséquences de la période Covid a été une importante augmentation des abandons scolaires. Un phénomène général dans l’ensemble du pays.

Même si nous avons essayé de mettre en œuvre tout ce que nous pouvions pour garder le contact avec les enfants et pour maintenir l’apprentissage en ligne, la situation de nos familles et leurs conditions de logement n’ont pas facilité les choses. Et puis, dans les zones où elles vivent, les connexions internet, quand elles existent, ne sont pas stables. Alors, même si nous avons prêté des petits smartphones bon marché et acheté des connexions, les conditions ont été loin d’être optimum pour suivre les cours dispensés par les professeurs. Sans compter le minimum de calme et de confort nécessaire, qui n’existent pas, le bruit tout autour, avec la vie qui ne laisse pas les conditions pour se concentrer... Pas étonnant, alors, qu’au milieu de tout ça, des parents qui ont perdu leur travail à cause des conséquences de la pandémie, renvoient leurs enfants au travail pour la survie de la famille. Une situation pas bien différente, finalement, de ce que nous avons connu il y a 26 ans, quand nous avons démarré. Et enfin, quand les écoles ont rouvert, beaucoup d’enfants avaient ainsi perdu l’habitude des rythmes scolaires et un certain nombre ne sont pas revenus... ou sont revenus très irrégulièrement, avec beaucoup d’absences injustifiées.

Il a fallu réagir et nos équipes éducatives se sont appliquées à mettre en place un certain nombre de mesures pour rétablir la situation :

• Campagne de rencontres parents / équipe sociale pour repréciser les règlements de l’école ;
• Diminution de la quantité de riz, proportionnelle au nombre de jours d’absence ;
• Création d’un comité "de haut risque d’abandon", comprenant des membres de l’équipe sociale, des activités extra-scolaires, des formations courtes (FLIP), et de la pédagogie, pour la mise en place de soutiens pour ceux qui sont en difficulté ; de nouvelles orientations vers des formations courtes ; la création d’une classe d’attente...
• Création d’un comité scolaire interne pour mettre en place des actions rapides pour les absents (appel immédiat de la famille à la moindre absence, récupération des enfants directement dans les communautés pour les ramener à l’école, rencontre immédiate et quotidienne avec les parents des enfants absents, pour mettre en place une action avant de les réadmettre en classe ...) ;
• Mise en place d’une nouvelle classe pilote : "une classe / un (seul) professeur", dans les classes primaires, pour faciliter les relations professeur - parents - enfants.
• Campagne "classe /zéro absent", pour améliorer l’investissement des professeurs et des élèves.